Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement (©AFP)
Le porte-parole du gouvernement explique qu’il est locataire à Paris car les prix immobiliers sont trop chers pour lui permettre d’acheter son appartement.
(LaVieImmo.com) – Les prix immobiliers à Paris ont-ils à ce point flambé que même un ministre ne pourrait plus devenir propriétaire ? Dans une longue interview accordée à Brut mercredi 16 janvier, le Secrétaire d’Etat et porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux s’est notamment confié sur ses revenus et sa situation de locataire. « Je gagne 7.900 euros nets » par mois, confie-t-il. « Je gagne très bien ma vie. Et je ne vais pas me plaindre. C’est formidable », indique-t-il. En revanche, il pointe du doigt la cherté du logement dans la capitale. « Je suis locataire, je ne suis pas propriétaire à Paris. Parce que le prix du mètre carré est trop cher. Je n’ai pas hérité. Je n’ai pas d’argent caché », assure-t-il. Ses propos collent-ils à la réalité de sa situation personnelle ?
Effectivement, la rémunération d’un Secrétaire d’Etat, fixée par un décret de 2012, s’élève à 9.943 euros brut par mois. Ce qui correspond globalement au montant net avancé par le secrétaire d’Etat. Précisons que lorsqu’il était directeur de la communication d’Unibail Rodamco, il émargeait en 2016 à 174.588 euros nets par an, soit près de 14.600 euros nets par mois.
Par ailleurs, et ce n’est une surprise pour personne, les prix de l’immobilier à Paris crèvent les plafonds. En janvier 2019, le mètre carré devrait valoir (hors frais d’agences) 9.670 euros, selon les prévisions des notaires d’Ile-de-France à partir des avant-contrats. Pour un couple avec deux enfants qui souhaite acheter un petit 4-pièces de 72 m2, il faudrait ainsi débourser autour de 781.000 euros en prenant en compte les frais d’agence et les droits de mutation. Cela correspond en effet au prix du bien en tant que tel (696.240 euros), auquel on ajoute 5% de frais d’agence (soit 34.812 euros) et 49.900 euros de droits de mutation (selon une estimation réalisée sur le site des notaires).
10.000 euros de revenus par mois pour un 4-pièces
Imaginons que ce ménage ne dispose d’aucun apport. Il lui faut donc financer l’intégralité de l’opération à crédit. Avec un taux de 1,8% sur 25 ans (et une assurance à 0,36%), cela revient à avoir des mensualités de 3.469 euros par mois. En respectant un taux d’endettement de 33%, cela correspondrait à des revenus nets de 10.407 euros par mois.

Ce qui est bien supérieur au salaire de Benjamin Griveaux. Sauf que, comme le précise sa déclaration à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), sa femme est une pénaliste de renom, associée au sein du cabinet d’avocats Temime. A eux deux, il y a donc de grandes chances pour qu’ils dépassent assez largement les 10.000 euros de revenus par mois.
Le patrimoine de Benjamin Griveaux non négligeable
D’autres éléments de la déclaration de patrimoine de Benjamin Griveaux auprès de la HATVP, transmise en décembre 2017, peuvent aussi laisser penser que le ministre aurait les moyens d’acheter dans la capitale. Car le porte-parole du gouvernement dispose d’un patrimoine substantiel. Il détenait ainsi fin 2017 pour 375.000 euros de biens immobiliers. Avec ses autres actifs (principalement des comptes-titres et des comptes courants), Benjamin Griveaux disposait de 600.176 euros de patrimoine brut, pour une dette de 273.198 euros. Soit 326.978 euros de patrimoine net.
Certes, sur ce montant, tout n’est pas forcément vendable immédiatement. En effet, et c’est contradictoire avec le fait qu’il indique ne pas avoir hérité, le ministre détient en nue-propriété des parts dans cinq biens (un garage, deux maisons et deux locaux commerciaux) pour une valeur totale de 135.000 euros. Des biens obtenus par le biais de succession et de donation. Si on met ce patrimoine en nue-propriété de côté, Benjamin Griveaux détient 50% d’une maison de 220 m2 en Saône-et-Loire et ses parts valent 245.000 euros. Il aurait donc bien la possibilité, en revendant ce bien (en supposant que le prix soit resté stable) et en liquidant son prêt immobilier (qui lui coûte 2.193 euros par mois, pour un montant à rembourser qui tournerait aujourd’hui autour de 245.000 euros), tout en faisant appel à ses autres actifs financiers, de débloquer un apport de l’ordre de 220.000 euros afin d’acheter dans la capitale. Nous supposons ici que son patrimoine n’a pas évolué depuis sa déclaration.
Dans cette hypothèse, et avec ses seuls revenus, le ministre pourrait emprunter 586.000 euros sur 25 ans, et financer une transaction de 806.000 euros (frais d’agences et droits de mutation inclus), soit un bien d’environ 74 m2.
S’il lui prenait l’envie de s’offrir un appartement parisien, Benjamin Griveaux pourrait donc l’assumer financièrement. Peut-être pas dans les quartiers les plus prisés de la capitale mais au moins dans le 10ème, l’arrondissement où il a été élu député lors des dernières élections législatives. On peut donc considérer que Benjamin Griveaux est locataire à Paris davantage par choix personnel que par contrainte financière. Même s’il a tout à fait le droit de préférer garder une grande maison en Saône-et-Loire plutôt que de devenir propriétaire d’un petit 4-pièces à Paris.

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